Abstract
La question de l’acclimatation des garde-robes enfantines françaises du milieu du 18e siècle aux années 1965 marquées par la démocratisation de l’accès au vêtement, reflète l’évolution des théories éducatives comme de l’hygiène. Lorsque Jean-Jacques Rousseau impose une garde-robe légère en toutes saisons afin de renforcer la force physique de futurs adultes, l’usage de sous-vêtements de flanelle aux pouvoirs calorifuges et l’enveloppement des plus jeunes dans une superposition de langes pour les tenir au chaud sont d’usage durant la période mentionnée. La gestion du chaud et du froid chez l’enfant est un problème abordé dans les manuels éducatifs, qui prévaut sur toute autre considération lorsqu’il est question des garde-robes de l’enfance.
Dans l’uniformité du style (formes, couleurs) qui caractérise l’enfance et souligne son statut particulier dans la société, l’acclimatation des layettes par l’adaptation des matières est un principe récurrent dans le contexte étudié. Une étude précise de l’offre des catalogues commerciaux et des articles de journaux à destination des familles permet de noter la façon dont on adapte les garde-robes des plus jeunes en fonction du temps qu’il fait tout en conservant un style uniforme. Chez les plus grands, la question du « renouvellement » des garde-robes enfantines s’opère en fonction des mêmes principes de permanence stylistiques simplement parce que c’est le moment et parfois indépendamment des données climatiques et dans l’ignorance des protestations d’enfants frileux (on pense notamment à l’adoption des garde-robes estivales à Pâques dans les familles catholiques de la bourgeoisie françaises des années 1950 comme en témoigne le magazine familial Le Petit écho de la Mode).
Finalement, qu’elle soit liée à un besoin de protection de l’enfant ou à des principes éducatifs et des usages, la saisonnalité des garde-robes de l’enfance peut s’analyser comme une façon de l’éduquer à une histoire dont les principes lui échappent, et qui commencerait par cette initiation vestimentaire au séquençage de l’année.
Dans l’uniformité du style (formes, couleurs) qui caractérise l’enfance et souligne son statut particulier dans la société, l’acclimatation des layettes par l’adaptation des matières est un principe récurrent dans le contexte étudié. Une étude précise de l’offre des catalogues commerciaux et des articles de journaux à destination des familles permet de noter la façon dont on adapte les garde-robes des plus jeunes en fonction du temps qu’il fait tout en conservant un style uniforme. Chez les plus grands, la question du « renouvellement » des garde-robes enfantines s’opère en fonction des mêmes principes de permanence stylistiques simplement parce que c’est le moment et parfois indépendamment des données climatiques et dans l’ignorance des protestations d’enfants frileux (on pense notamment à l’adoption des garde-robes estivales à Pâques dans les familles catholiques de la bourgeoisie françaises des années 1950 comme en témoigne le magazine familial Le Petit écho de la Mode).
Finalement, qu’elle soit liée à un besoin de protection de l’enfant ou à des principes éducatifs et des usages, la saisonnalité des garde-robes de l’enfance peut s’analyser comme une façon de l’éduquer à une histoire dont les principes lui échappent, et qui commencerait par cette initiation vestimentaire au séquençage de l’année.
| Translated title of the contribution | Seasons and children's fashion: Weather and socialisation of children through fashion and clothing in 19th and 20th century France |
|---|---|
| Original language | French |
| Journal | Modes Pratiques |
| Issue number | 3 |
| Publication status | Published - Dec 2018 |